Le rôle des AASC dans les festivals : bien plus que de simples secouristes

Juillet. C’est le cœur battant de la saison des festivals en France. Des dizaines de milliers de personnes convergent vers les sites emblématiques des Vieilles Charrues, de Solidays ou des Nuits de l’Erdre. Derrière la musique et l’ambiance festive se cache un défi immense en matière de gestion de crise et de sécurité. Au centre de ce dispositif, des femmes et des hommes en gilets orange, rouges ou bleus : les bénévoles des Associations Agréées de Sécurité Civile (AASC). Mais leur rôle va bien au-delà de soigner un malaise ou une cheville foulée. Comme nous allons le voir, ces associations, à l’instar de la Protection Civile, sont des partenaires stratégiques indispensables à la résilience de tout grand événement.

Qu’est-ce qu’une AASC et quel est son cadre d’intervention ?

Une Association Agréée de Sécurité Civile (AASC) est une organisation non gouvernementale (comme la Protection Civile, la Croix-Rouge Française, la FFSS…) qui a reçu un agrément de l’État pour participer aux opérations de secours et de soutien aux populations.

Dans le cadre d’un festival, leur intervention est obligatoire et strictement encadrée par la loi et le Référentiel National des Missions de Sécurité Civile (RNMSC). L’organisateur doit mettre en place un Dispositif Prévisionnel de Secours (DPS), dont la taille et les moyens sont définis en collaboration avec l’AASC choisie et validés par la préfecture. Ce DPS est la matérialisation de la stratégie de première réponse sanitaire de l’événement.

 

Avant le festival : la phase critique de la préparation et de l’anticipation

Le travail d’une AASC commence bien avant l’ouverture des portes du festival. C’est une phase de co-construction avec l’organisateur.

 

1. L’analyse des risques et le dimensionnement du DPS

En s’appuyant sur les informations fournies par l’organisateur, l’AASC contribue à évaluer les risques pour dimensionner le DPS. Les critères analysés sont nombreux :

• La jauge du public : Le nombre de festivaliers attendus.
• Le comportement du public : Un festival de métal comme le Hellfest n’a pas le même profil de risque qu’un festival de musique classique.
• L’environnement : La superficie du site, la présence de points d’eau, le terrain (plat, accidenté), l’accessibilité pour les véhicules de secours.
• Les conditions météorologiques : Un risque de canicule ou d’orage violent change radicalement la donne.

Sur cette base, l’AASC définit les moyens nécessaires : nombre de secouristes, de « binômes » itinérants, de Postes de Secours (petits ou grands), et de véhicules d’évacuation (VPSP).

 

2. L’intégration au plan de sécurité global

Le DPS n’est pas une entité isolée. L’AASC participe aux réunions préparatoires avec tous les autres acteurs de la sécurité : l’organisateur, la société de sécurité privée, la police ou la gendarmerie, les pompiers (SDIS) et le SAMU. Cette coordination est essentielle pour définir qui fait quoi, qui appelle qui, et quels sont les circuits d’évacuation des victimes graves vers les hôpitaux.

 

 

Pendant le festival : du « bobo » à la gestion d’un incident majeur

Sur le terrain, les équipes de l’AASC sont le premier maillon de la chaîne des secours.

 

Le poste de secours : le « mini-hôpital » du festival

C’est le point névralgique du DPS. Il accueille, diagnostique et traite la grande majorité des pathologies : malaises vagaux, déshydratation, petites plaies, entorses, réactions allergiques, intoxications… En traitant 99 % des cas sur place, le poste de secours évite la saturation des services d’urgence publics (hôpitaux, pompiers), qui peuvent ainsi rester concentrés sur leurs missions quotidiennes.

 

Les équipes mobiles : les yeux et les oreilles sur le terrain

Organisés en binômes ou en trinômes, les secouristes itinérants patrouillent en permanence au cœur de la foule. Leur rôle est double :

• Prévention : Repérer les comportements à risque, rappeler les messages de prévention (hydratation…).
• Intervention rapide : Ils sont les premiers à intervenir sur une personne en difficulté, à faire un premier bilan et, si nécessaire, à déclencher une évacuation vers le poste de secours. Leur présence rassure le public et permet une prise en charge en quelques minutes.

 

Le maillon essentiel de la coordination des secours

En cas d’incident grave (arrêt cardiaque, blessure sérieuse), l’AASC assure les premiers gestes d’urgence et coordonne son action avec le médecin régulateur du SAMU. C’est cette interface fluide et professionnelle qui garantit une prise en charge optimale de la victime, de la foule du festival jusqu’au lit d’hôpital.

 

Après le festival : le retour d’expérience (RETEX), un outil de progrès

 

Une fois les lumières éteintes, la mission de l’AASC n’est pas terminée. Le Retour d’Expérience (RETEX) avec l’organisateur est une étape fondamentale. L’association fournit des statistiques précises : nombre de personnes prises en charge, types de pathologies les plus fréquentes, localisation des incidents… Cette data est une mine d’or pour l’organisateur. Elle permet d’identifier des points faibles (ex: un manque de points d’eau dans une certaine zone, un sol glissant) et de mettre en place des mesures correctrices pour rendre l’édition suivante encore plus sûre.

 

Un partenariat stratégique pour un événement résilient

Le choix d’une Association Agréée de Sécurité Civile pour un festival est bien plus qu’une simple obligation légale ou une prestation de service. C’est la construction d’un partenariat stratégique fondé sur la confiance et l’expertise. De la planification en amont à l’analyse post-événement, en passant par la gestion opérationnelle sur le terrain, les AASC comme la Protection Civile sont des piliers de la résilience et de la réussite des plus grands rassemblements culturels français. Leur professionnalisme et leur engagement permettent à des centaines de milliers de personnes de vivre leur passion en toute sécurité.

 

Chez CriseHelp, nous aidons les organisateurs d’événements à auditer et renforcer leur dispositif global de gestion de crise, en nous assurant que la coordination entre tous les acteurs, y compris les AASC, soit fluide, efficace et éprouvée par des exercices.