Dans tout contexte de crise – qu’il s’agisse d’une catastrophe naturelle, d’un incident industriel, d’une cyberattaque ou d’un conflit social – la réponse peut se structurer selon quatre niveaux de gestion : opérationnel, tactique, stratégique et politique.
Cette organisation permet de répartir les responsabilités, d’assurer la fluidité des décisions et de coordonner efficacement les acteurs engagés. Ces niveaux de gestion de crise ne sont pas systématiquement nécessaires, mais doivent être anticipés et préparés. Prêt à gérer une crise?
Cette page présente les quatre niveaux de gestion de crise classés du plus stratégique au plus opérationnel : politique, stratégique, tactique et opérationnel. Cette hiérarchisation est couramment utilisée dans la littérature spécialisée en gestion des risques et en sécurité civile.
Comprendre cette structuration permet de mieux répartir les responsabilités, faciliter la communication inter-niveaux, et renforcer la réactivité face à une situation critique. Chaque niveau a des finalités propres mais interdépendantes.
Définitions et objectifs des niveaux
Tableau synthétique des niveaux de gestion
Niveau | Définition simplifiée | Objectif principal | Exemples de profils |
---|---|---|---|
Politique | Représente publiquement l'organisation et assume les décisions les plus sensibles. | Maintenir la confiance, arbitrer les grandes décisions, protéger la réputation. | Maires, ministres, PDG, présidents d’institution, top management, élus. |
Stratégique | Pilote la réponse globale à la crise avec une vision à moyen et long terme. | Assurer la continuité d’activité, préserver les actifs critiques, anticiper les impacts durables. | Préfecture, direction générale, DGS, direction de site, comité de direction. |
Tactique | Coordonne les moyens, met en œuvre les décisions stratégiques avec un appui technique. | Adapter l’action à la situation, organiser les ressources, faire remonter les informations terrain. | Commandants de secours, responsables HSE, référents sécurité, chefs d’équipe. |
Opérationnel | Réalise les actions concrètes et immédiates pour répondre à la crise. | Protéger les personnes et les biens, limiter les dommages immédiats. | Pompiers, techniciens, agents de maintenance, forces de l’ordre, secouristes. |
1. Niveau politique – Légitimité, arbitrage et image publique
Définition :
Le niveau politique est le plus élevé dans la gestion de crise. Il incarne la légitimité institutionnelle de la réponse, porte la parole publique et engage l’organisation dans ses choix stratégiques, sociaux et éthiques. Il est le garant de la cohérence entre la gestion de crise et les attentes sociétales.
Dans une entreprise, ce rôle est assumé par les plus hauts dirigeants (PDG, président du conseil), tandis que dans une collectivité, il est exercé par les élus (maire, président de région, etc.).
Objectif :
Protéger la réputation de l’organisation, garantir la transparence, maintenir la confiance des citoyens, partenaires ou clients, et arbitrer les décisions à forte portée symbolique ou politique.
Exemple :
Lors d’un scandale sanitaire, un ministre ou un PDG s’exprime publiquement pour rassurer, assumer les décisions prises et donner une orientation claire à la suite de la crise.
Profils rencontrés (liste non exhaustive) :
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Sécurité civile : ministre de l’Intérieur, maire, président de conseil départemental.
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Entreprise / industrie : PDG, président du conseil d’administration, directeur des affaires publiques.
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Collectivités : maire, élus en charge de la sécurité ou de la santé.
2. Niveau stratégique – Vision globale, anticipation et continuité d’activité
Définition :
Le niveau stratégique établit les grandes orientations de la réponse à la crise. Il anticipe les impacts à moyen et long terme, fixe les priorités globales, active les plans de continuité d’activité (PCA) et assure la coordination interservices. Il transforme les décisions politiques en lignes directrices opérationnelles.
Dans les organisations privées, ce niveau est souvent incarné par la direction générale ou le comité de crise. Dans le secteur public, il est souvent porté par le préfet ou les autorités de tutelle.
Objectif :
Maintenir les fonctions vitales de l’organisation, sécuriser les actifs critiques, planifier la sortie de crise, et veiller à la cohérence globale des actions engagées.
Exemple :
Après un sinistre industriel, le comité stratégique décide du redémarrage progressif de l’activité, du mode de communication vers les médias et du dialogue avec les autorités.
Profils rencontrés (liste non exhaustive) :
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Sécurité civile : préfet, directeur du SDIS, directeur de l’ARS.
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Entreprise / industrie : directeur général, directeur des opérations, directeur de la communication de crise.
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Collectivités : directeur général des services (DGS), responsables de plans de sauvegarde (PCS).
Certains profils, comme les maires ou présidents d’agglomération, peuvent à la fois occuper un rôle politique et stratégique selon le contexte local.
3. Niveau tactique – Coordination locale et appui technique
Définition :
Le niveau tactique assure la mise en œuvre des décisions stratégiques à l’échelle locale ou fonctionnelle. Il organise, adapte et coordonne les moyens humains, matériels et logistiques nécessaires. Il constitue également un point de convergence du support technique : experts sécurité, responsables de la logistique, cybersécurité, ingénierie ou ressources humaines.
Ce niveau est l’interface entre les décisions prises « en haut » et les réalités du terrain.
Objectif :
Adapter les dispositifs d’action à l’évolution de la situation, optimiser les ressources disponibles, garantir l’efficacité des équipes engagées et faire remonter les informations essentielles.
Exemple :
Lors d’un incendie, le responsable sécurité gère l’évacuation, coordonne les équipes de maintenance, fait remonter l’état des lieux à la direction, et s’appuie sur des experts pour identifier les risques secondaires.
Profils rencontrés (liste non exhaustive) :
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Sécurité civile : commandant des opérations de secours (COS), officiers de liaison, chefs de colonne.
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Entreprise / industrie : responsables HSE, chefs de service, coordinateurs de production, experts cybersécurité.
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Collectivités : responsables techniques, ingénieurs, référents sécurité.
4. Niveau opérationnel – Action immédiate et intervention directe
Définition :
Ce niveau correspond à l’action concrète menée sur le terrain. Il regroupe les acteurs qui exécutent les consignes, interviennent en urgence, protègent les populations, assurent la sécurité des lieux ou rétablissent les services essentiels.
Ce niveau est le plus visible mais aussi le plus exposé. Il dépend de la réactivité, de la formation et de la robustesse des procédures.
Objectif :
Agir rapidement pour limiter les conséquences humaines, environnementales et matérielles de la crise. Appliquer les gestes techniques et procédures d’urgence.
Exemple :
Après une tempête, les pompiers dégagent les routes, les agents Enedis rétablissent l’électricité, les équipes de maintenance industrielle contiennent une fuite de gaz.
Profils rencontrés (liste non exhaustive) :
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Sécurité civile : pompiers, équipes du SAMU, policiers, secouristes bénévoles.
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Entreprise / industrie : techniciens, agents de sécurité, sous-traitants terrain.
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Collectivités : agents techniques, voirie, services d’intervention municipaux.
Conclusion : structurer la réponse pour mieux agir
Ces quatre niveaux – politique, stratégique, tactique et opérationnel – forment une chaîne de commandement cohérente et articulée. Leur bon fonctionnement repose sur une communication fluide, une reconnaissance claire des responsabilités et une capacité d’adaptation constante.
La bonne articulation entre ces niveaux est un facteur clé de réussite dans la gestion d’une crise. Elle permet non seulement d’éviter les doublons ou les silences décisionnels, mais aussi de garantir une réponse agile, robuste et crédible aux yeux des parties prenantes internes et externes.
Consultez le profil de nos experts et notre accompagnement à la gestion de crise
Plus de connaissance pour comprendre l’intérêt des niveaux de gestion de crise.
Connaitre les niveaux de gestion de crise est important mais pour approfondir vos connaissance vous pouvez visitez nos pages sur:
- Définition de la gestion de crise
- Qualifier une crise
- Le rôle de l’expert en gestion de crise
- La cellule de crise
- Gérer vos crises
- Le cycle de crise et ses 4 phases
- Les 5 étapes du déclenchement d’une crise
- Le plan de gestion de crise
- A quel niveau se gère les crises.
- L’exercice de crise
- Exemples de crises
- Retour au guide de la gestion de crise
Nous sommes à votre écoute pour préciser votre besoin et vous aider à structure vos niveaux de gestion de crise.
FAQs
Voici les réponses aux questions fréquentes sur les quatre niveaux de gestion de crise.
Quels sont les quatre niveaux de gestion de crise ?
Les quatre niveaux sont : politique, stratégique, tactique et opérationnel. Chacun a un rôle spécifique : arbitrage, coordination, organisation des moyens et action sur le terrain.
Quel est le rôle du niveau politique en gestion de crise ?
Le niveau politique assure l’arbitrage final, incarne la légitimité de l’organisation et maintient la confiance du public. Il porte la parole officielle et prend les décisions symboliques majeures.
Quelle est la mission du niveau stratégique ?
Il pilote la réponse globale à la crise, anticipe les impacts à long terme, active les plans de continuité et assure la coordination entre les services et les partenaires externes.
Que fait le niveau tactique pendant une crise ?
Il met en œuvre les décisions du niveau stratégique, adapte les ressources aux besoins du terrain et coordonne les équipes techniques et logistiques.
Quel est le rôle du niveau opérationnel ?
Il exécute les actions de terrain : sécurisation, intervention, protection des personnes, rétablissement rapide des services essentiels. C’est le niveau le plus réactif et exposé.