Le Service de renseignement et de sécurité de la Défense (DRSD) a publié son panorama annuel des ingérences, révélant un paysage de menaces d’une intensité et d’une complexité inédites. Si ce rapport se concentre sur la sphère de la Défense, le lire comme un sujet ne concernant que les militaires serait une grave erreur. Il est en réalité un formidable outil d’intelligence stratégique pour tous les dirigeants. Les techniques d’ingérence (humaines, physiques, cyber, économiques, juridiques et réputationnelles) qui ciblent aujourd’hui nos industries les plus sensibles sont le laboratoire des menaces qui, demain, viseront toutes les entreprises innovantes. Chez CriseHelp, nous avons décrypté pour vous les 6 leçons de ce rapport essentiel pour vous aider à préparer vos défenses.
Le panorama des menaces hybrides d’ingérences : les 6 leçons du rapport 2024 de la DRSD
Le rapport de la DRSD confirme que les attaques ne sont plus cloisonnées, mais combinent plusieurs vecteurs pour maximiser leur impact. Voici les 6 menaces principales identifiées.
1. Le risque humain (36% des atteintes) : vos talents, première cible
- La menace selon la DRSD : Le « vecteur humain » reste la principale porte d’entrée à l’ingérence. Cela inclut le débauchage ciblé d’experts pour capter leur savoir-faire, l’infiltration via de faux stagiaires ou des recrutements, le chantage ou la manipulation d’employés. Le rapport cite l’exemple d’une tentative de recrutement chinoise dans l’aéronautique.
- La leçon pour votre entreprise : Toute entreprise possédant un savoir-faire unique, une technologie de pointe ou des données clients sensibles est une cible. La protection de vos « hommes-clés », la sécurisation de vos processus de recrutement et la sensibilisation de vos équipes à l’ingénierie sociale sont devenues des enjeux de survie.
2. Le risque physique (18%) : du sabotage à l’activisme
- La menace selon la DRSD : Les intrusions et les sabotages physiques sont en recrudescence, notamment via des incendies criminels visant des infrastructures critiques (transformateurs électriques…). Le rapport cite l’exemple d’une société de drones paralysée par un incendie revendiqué par la mouvance d’ultragauche.
- La leçon pour votre entreprise : Si votre activité peut être perçue comme « controversée » (environnement, énergie, social…), vous êtes une cible potentielle pour des actions militantes. L’audit de la sécurité physique de vos sites et de leur dépendance aux infrastructures environnantes est crucial.
3. Le risque cyber (15%) : l’arme de déstabilisation massive
- La menace selon la DRSD : Les attaques cyber ont augmenté de 50% en 2024. Le rapport met en lumière les attaques par déni de service (DDoS) contre les entreprises impliquées dans le soutien à l’Ukraine.
- La leçon pour votre entreprise : Le coût d’une cyberattaque est aujourd’hui existentiel. La menace n’est plus seulement le vol de données ou la rançon, mais la paralysie totale de votre activité. Comme le note le rapport, la sensibilisation à l’hameçonnage porte ses fruits mais doit être un effort constant.
4. Le risque capitalistique (13%) : protéger son capital et ses savoir-faire
- La menace selon la DRSD : Des investisseurs étrangers prédateurs cherchent à entrer au capital de pépites technologiques françaises non pas pour les développer, mais pour en piller les brevets et les savoir-faire.
- La leçon pour votre entreprise : Si vous êtes une startup ou une PME innovante, soyez extrêmement vigilant lors de vos levées de fonds. Connaître l’origine et les intentions réelles de vos investisseurs est un acte de gestion de crise préventif.
5. Le risque juridique (9%) : l’arme du droit (« lawfare »)
- La menace selon la DRSD : Des puissances étrangères (notamment les États-Unis et la Chine) utilisent leurs dispositifs juridiques à portée extraterritoriale pour contraindre l’activité des entreprises françaises, par exemple via des audits de conformité qui peuvent être des prétextes à la captation d’informations.
- La leçon pour votre entreprise : Si vous opérez à l’international, vous devez avoir une connaissance pointue des risques juridiques et des rapports de force normatifs. L’assistance d’experts en intelligence juridique est indispensable.
6. Le risque réputationnel (6%) : la guerre de l’opinion
- La menace selon la DRSD : Le rapport note une intensification des campagnes de dénigrement et des manifestations menées par des groupes activistes (antimilitaristes, pro-palestiniens…) contre des entreprises du secteur.
- La leçon pour votre entreprise : Aucune entreprise n’est à l’abri d’une crise de réputation. Que ce soit pour des raisons sociales, environnementales ou politiques, votre « licence d’opérer » dépend de plus en plus de la perception du public. Une cellule de veille et une stratégie de communication de crise sont vitales.
Comment se préparer ? une approche de résilience à 360° contre les ingérences
Le rapport de la DRSD est une démonstration éclatante : les menaces sont hybrides, combinant plusieurs vecteurs pour un même objectif. Y répondre demande de briser les silos. La sécurité de votre entreprise ne peut plus être la seule affaire du DSI pour le cyber, du DRH pour l’humain et du directeur de site pour le physique.
La résilience en 2025 exige une gouvernance intégrée du risque, pilotée au plus haut niveau de la direction. Elle doit articuler de manière cohérente :
- Votre Plan de Continuité d’Activité (PCA) face aux risques physiques et cyber.
- Votre stratégie de communication de crise face aux risques réputationnels.
- Votre politique de sécurité des ressources humaines face aux risques d’ingérence.
- Votre stratégie juridique et financière face aux risques de lawfare et de prédation.
Conclusion : un temps d’avance grâce au renseignement
Le rapport de la DRSD est un cadeau pour se préparer à limiter les ingérences. Il nous offre une lecture claire des menaces qui pèsent sur nos actifs les plus stratégiques. Ignorer ces leçons sous prétexte qu’elles ne concernent que la Défense serait une faute. Les comprendre et les transposer à sa propre organisation, c’est prendre un temps d’avance crucial. C’est passer d’une posture réactive à une culture de la prévention et de la lucidité, qui est le socle de toute résilience durable.
Chez CriseHelp, notre métier est de vous aider à construire cette vision à 360°. Nous vous accompagnons pour analyser ces menaces hybrides d’ingérences, évaluer vos vulnérabilités et bâtir des plans de crise qui protègent l’ensemble de vos actifs : humains, matériels, informationnels et réputationnels.
Nous sommes à votre écoute pour préciser votre besoin en gestion de crise.
Nos experts et consultants indépendants sont en mesure de vous accompagner de A à Z dans l’évaluation de vos risques pour anticiper les crises.
FAQs
Questions fréquentes sur les menaces hybrides
Mon entreprise n'est pas dans la défense, suis-je vraiment concerné par ces menaces ?
Oui, à des degrés divers. Si vous êtes dans un secteur innovant (biotech, IA, numérique...), vous êtes une cible pour le risque humain et capitalistique. Si votre activité a un impact environnemental, vous êtes une cible pour le risque réputationnel et physique. Et toutes les entreprises, sans exception, sont des cibles pour le risque cyber.
Qu'est-ce que la "prédation capitalistique" pour une PME ?
C'est lorsqu'un investisseur entre dans votre capital avec des intentions cachées. Son objectif n'est pas le succès à long terme de votre entreprise, mais de récupérer rapidement une technologie, un brevet, un fichier client ou un savoir-faire clé, parfois au point de "vider" l'entreprise de sa valeur avant de s'en désengager.
Comment se protéger concrètement du risque "humain" ?
La protection repose sur trois piliers :
1. Le recrutement : Vérification approfondie des antécédents pour les postes sensibles.
2. La sensibilisation : Formation continue de tous les salariés aux risques d'ingénierie sociale, de manipulation et aux bons réflexes à adopter.
3. La fidélisation : Un salarié qui se sent bien et reconnu dans son entreprise est beaucoup moins vulnérable aux tentatives de débauchage ou de corruption.