Grèves des 10 et 18 septembre : analyse de deux stratégies de contestation face à votre entreprise

Septembre 2025 restera marqué par une séquence de contestation sociale inédite, avec deux grèves nationales en huit jours. Si le 10 septembre s’est caractérisé par son origine citoyenne, spontanée et imprévisible, le 18 septembre s’annonce comme une démonstration de force massive, unitaire et structurée par les syndicats. Pour les entreprises, comprendre les différences fondamentales entre ces deux mouvements n’est pas un simple exercice d’analyse ; c’est une nécessité stratégique pour adapter sa posture et sa préparation. Cet article vous propose une grille de lecture comparative pour décrypter ces deux crises et leurs impacts.

Un ennemi commun, deux stratégies distinctes

 

Les deux mobilisations partagent un objectif central : le rejet du plan d’austérité du gouvernement Bayrou. Cependant, leurs philosophies d’action sont radicalement différentes.

• Le 10 septembre : la guérilla sociale. Né sur les réseaux sociaux sous le hashtag « #BloquonsTout », ce mouvement privilégie la surprise, l’action décentralisée et des modes d’action variés (blocages, boycott…). Il mise sur la viralité et un effet de « chaos » pour créer un rapport de force.
• Le 18 septembre : la bataille rangée. Portée par une intersyndicale unanime, cette journée s’inscrit dans la tradition des grandes mobilisations nationales. Elle mise sur le nombre, la discipline et la paralysie des secteurs clés par une grève massive et coordonnée pour peser sur les négociations.

Adapter sa gestion de crise : comment se préparer à chaque menace ?

 

Face à ces deux profils de crise, votre stratégie de résilience doit être agile et différenciée. Le plan de réponse pour une mobilisation spontanée ne peut pas être le même que pour une grève massive et planifiée. Voici l’approche que nous recommandons chez CriseHelp pour chaque échéance.

 

Face au 10 septembre : la stratégie de l’agilité et de la vigilance

La nature même de cette journée – décentralisée, imprévisible, issue des réseaux sociaux – rend toute planification rigide inefficace. Le maître-mot est l’agilité. Votre objectif n’est pas de suivre un plan figé, mais de doter votre organisation de la capacité à réagir en temps réel à des événements non anticipés.

• Activer une cellule de veille informationnelle en amont Dès maintenant, votre cellule de crise doit mettre en place une veille active sur les réseaux sociaux. Il ne s’agit pas de surveiller l’ensemble du mouvement, mais de se concentrer sur votre écosystème local.
  • Actions concrètes : Suivre les hashtags clés (#BloquonsTout), identifier les boucles Telegram ou les groupes Facebook locaux qui appellent à des actions dans votre ville ou votre zone d’activité. L’objectif est de détecter d’éventuels appels à des blocages près de vos sites, de vos entrepôts ou sur les axes de transport majeurs utilisés par vos salariés.
• Construire une flexibilité opérationnelle maximale Puisque vous ne pouvez pas prévoir où et quand les blocages auront lieu, vous devez préparer votre organisation à pouvoir s’adapter instantanément.
  • Actions concrètes :
    • Pré-autoriser le télétravail massif : La décision de basculer 100% des postes éligibles en télétravail doit pouvoir être prise le matin même à 7h, sur la base des informations collectées par la cellule de veille. Assurez-vous que vos infrastructures IT sont prêtes à supporter cette charge.
    • Préparer des plans logistiques alternatifs : Informez vos transporteurs et vos fournisseurs stratégiques que des reports ou des déviations d’itinéraires pourraient être nécessaires à la dernière minute. Identifiez des solutions de repli si possible.
    • Déléguer l’autorité de décision : Donnez aux responsables de sites l’autonomie nécessaire pour prendre des décisions rapides de sécurité (ex: fermer temporairement l’accueil du public) sans avoir à attendre une validation hiérarchique qui prendrait trop de temps.

 

Face au 18 septembre : la stratégie de la planification et de la robustesse

 

La grève du 18 septembre est un tout autre défi. L’incertitude est faible – on sait que la paralysie sera massive et quasi totale dans les transports et les services publics. La menace n’est pas la surprise, mais l’ampleur du phénomène. La réponse doit donc être une planification logistique et humaine rigoureuse.

• Organiser la continuité des fonctions critiques Cette journée doit être considérée comme une journée « blanche » où seules les activités vitales sont maintenues.
  • Actions concrètes :
    • Identifier le personnel « essentiel » dont la présence sur site est non négociable. Faites-le plusieurs jours à l’avance.
    • Mettre en place une logistique dédiée pour ce personnel critique : organisation de navettes privées, prise en charge de VTC, réservation de chambres d’hôtel à proximité la veille au soir.
    • Reporter proactivement 100% des activités non essentielles : ne planifiez aucune réunion importante, aucune livraison non critique, aucun événement ce jour-là. Communiquez ce report en interne et en externe.
• Piloter une communication interne claire et segmentée La gestion humaine d’un fort taux d’absentéisme prévisible est la clé pour éviter les tensions.
  • Actions concrètes :
    • Diffusez des consignes claires plusieurs jours à l’avance. La communication doit être segmentée : un message pour les salariés en télétravail obligatoire, un message pour le personnel essentiel attendu sur site avec les solutions logistiques prévues, et un rappel du cadre légal pour les salariés grévistes.
    • Préparez votre management intermédiaire. Vos managers de proximité seront en première ligne pour gérer les équipes réduites. Assurez-vous qu’ils ont toutes les informations et le soutien nécessaires pour organiser le travail en mode dégradé et répondre aux questions de leurs collaborateurs.
    • Évitez de créer des fractures. La communication doit être factuelle et axée sur la continuité et la sécurité de l’entreprise, sans jamais opposer les salariés grévistes et les non-grévistes.

 

Deux crises, une même leçon de résilience

 

La succession de ces deux mobilisations, l’une citoyenne et l’autre syndicale, n’est pas une coïncidence. Elle révèle une nouvelle ère de la contestation sociale, où les formes d’action se cumulent et s’hybrident. Pour les organisations, cela signifie que la préparation aux crises sociales ne peut plus se limiter à la seule gestion des relations avec les syndicats. Elle doit désormais intégrer une capacité d’analyse et de réponse face à des mouvements plus diffus et imprévisibles. La rentrée 2025 est un avertissement : la résilience sociale est devenue une compétence stratégique.

Chez CriseHelp, nous vous aidons à construire une préparation à 360°, capable de faire face à la fois aux mouvements sociaux traditionnels et aux nouvelles formes de crise. Nous vous donnons les outils pour protéger votre activité, quel que soit le visage de la contestation.