Depuis les années 2000, le football s’est imposé comme un outil majeur de soft power pour de nombreux États. Au-delà du sport, il devient un levier d’influence culturelle, économique et politique, utilisé pour renforcer l’image internationale, attirer les investissements et influencer les opinions publiques mondiales. Coupes du monde, clubs-États ou diplomatie entre nations : le ballon rond est aujourd’hui au cœur des stratégies géopolitiques globales.

Football et soft power

Des Coupes du Monde au service de l’image des États

Les Coupes du Monde de football sont devenues de véritables vitrines géopolitiques. Organiser un tel événement permet à un pays d’améliorer sa visibilité, de soigner son image ou de marquer un tournant politique.

  • Allemagne 2006 : une campagne réussie pour tourner la page du passé et afficher une Allemagne accueillante et moderne.

  • Afrique du Sud 2010 : symbole de réconciliation post-apartheid, cette première Coupe du Monde sur le continent africain a boosté le soft power sud-africain.

  • Russie 2018 : outil de légitimation internationale malgré les tensions diplomatiques, la Russie a offert un événement maîtrisé pour restaurer son image.

  • Qatar 2022 : cas emblématique et controversé. Avec plus de 200 milliards de dollars investis, l’émirat a utilisé le football pour renforcer son influence diplomatique, malgré les critiques sur les droits humains et les soupçons de sportwashing (Human Rights Watch, 2022).

Jeux Olympiques et compétitions continentales : diplomatie sportive en action

Le football joue aussi un rôle central lors des Jeux Olympiques ou des coupes continentales (Euro, CAN, Copa América). Ces événements permettent aux pays d’exercer une influence régionale ou mondiale :

  • Pékin 2008 et Sotchi 2014 : pour la Chine et la Russie, les JO ont servi à affirmer leur modernité et puissance.

  • Brésil 2014 & 2016 : montrer l’émergence du pays sur la scène mondiale, malgré des retombées économiques discutées.

  • Diplomatie du ballon rond : en 2008, la rencontre Turquie–Arménie devient un prétexte de rapprochement diplomatique ; en Côte d’Ivoire, le football participe au processus de paix.

Les clubs comme instruments d’influence transnationale

Au-delà des compétitions nationales, certains clubs sont devenus de véritables outils de soft power pour les États.

  • PSG (Qatar Sports Investments) : utilisé par Doha comme vitrine internationale. Le club devient un levier d’image et un pont diplomatique avec la France.

  • Manchester City (Émirats arabes unis) : via le City Football Group, Abu Dhabi diffuse son image dans le monde entier, de New York à Melbourne.

  • Newcastle United (Arabie saoudite) : acquisition en 2021 par le PIF, dans le cadre du plan “Vision 2030” pour diversifier l’économie et rénover l’image du pays.

Ce phénomène des clubs-États questionne l’indépendance du football européen, la réglementation financière, mais illustre clairement le pouvoir d’attraction politique du sport.

La Ligue des Champions : une vitrine géopolitique continue

La Ligue des Champions UEFA, regardée dans plus de 200 pays, joue un rôle diplomatique implicite mais puissant :

  • Elle renforce le soft power européen, en diffusant un modèle culturel, des marques urbaines (Barcelone, Paris, Milan) et des valeurs sportives.

  • Elle permet aux États investissant dans les clubs de capitaliser sur les victoires sportives pour gagner en prestige international.

  • En cas d’échec ou de scandale, l’effet inverse s’observe : les ambitions géopolitiques peuvent être ternies par les revers sur le terrain ou les polémiques (ex : PSG et fair-play financier).

 

Un outil puissant mais à double tranchant

Si le football peut projeter une image positive, il peut aussi exposer les États à des critiques accrues :

  • Surveillance accrue des médias sur les droits humains (ex : travailleurs migrants au Qatar).

  • Accusations de sportwashing et instrumentalisation politique.

  • Pressions sur les institutions sportives internationales, comme la FIFA ou l’UEFA, confrontées à des logiques géopolitiques dépassant le simple sport.

Le terrain de football, miroir de la scène mondiale

Le football n’est plus seulement un jeu. Depuis deux décennies, il est devenu un espace stratégique d’influence, où les nations cherchent à conquérir les cœurs, les esprits… et les écrans. En accueillant des tournois, en finançant des clubs ou en sponsorisant des compétitions, les États utilisent le football pour gagner en visibilité, légitimité et puissance douce. Mais à l’heure des réseaux sociaux et de la transparence exigée, ce soft power peut rapidement devenir un boomerang si l’image projetée est perçue comme manipulée ou contraire aux valeurs universelles du sport. Je vous laisse réfléchir sur le Football et soft power de celui-ci.

Sources principales :

  • Nye, Joseph. Soft Power: The Means to Success in World Politics, 2004

  • IRIS, Diplomatie sportive et géopolitique du sport, 2022

  • Human Rights Watch, Amnesty International (rapports sur Qatar 2022)

  • The Guardian, Le Monde, Reuters, Diploweb

  • LSE, City Football Group as a tool of sports diplomacy, 2020

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