Une photo détournée, une citation inventée, une statistique sortie de son contexte… Il n’a jamais été aussi simple de créer et de propager une fausse information. Le phénomène des « fake news » n’est plus une simple nuisance d’internet ; c’est une menace systémique qui pèse sur nos démocraties, notre santé et la réputation de nos organisations.

Les chiffres sont vertigineux. Selon une étude de 2025, 86% des citoyens du monde ont déjà été exposés à de la désinformation, et le coût de ce fléau pour l’économie mondiale est estimé à 78 milliards de dollars par an.

Pour une entreprise, une collectivité ou une personnalité publique, être la cible d’une fake news peut déclencher une crise de réputation dévastatrice en quelques heures. Comprendre leurs mécanismes est la première étape pour s’en protéger. Chez CriseHelp, nous considérons la préparation à ce risque comme une composante essentielle de la gestion de crise moderne.

Comprendre la mécanique des fake news

Une fausse information est conçue pour être crédible et pour susciter une émotion forte (colère, peur, indignation) qui pousse au partage impulsif. Pour y parvenir, ses créateurs utilisent plusieurs techniques.

  • Les grands types de fausses informations :
    • Les fausses promesses : Annonces de remèdes miracles, de produits aux propriétés extraordinaires, de méthodes pour devenir riche rapidement.
    • Les théories du complot : Réécriture d’événements tragiques (attentats, catastrophes) en accusant des acteurs cachés.
    • La diffamation : Attribution de fausses citations ou d’actes répréhensibles à des personnalités publiques ou à des organisations.
  • Comment sont-elles fabriquées ? Elles mélangent souvent le vrai et le faux : une information partielle, une photo réelle mais utilisée hors contexte, un témoignage anonyme invérifiable… Le but est de créer une « apparence de vérité ».
  • Comment se propagent-elles ? Les réseaux sociaux sont leur principal vecteur. La vitesse de partage et les algorithmes qui favorisent le contenu qui fait réagir créent une « viralité » explosive. Des comptes automatisés (« bots ») peuvent ensuite amplifier artificiellement le phénomène.

 

Cas d’école : quand les fake news créent la crise (Kouchner, MSF)

 

Nul n’est à l’abri. Deux exemples français célèbres illustrent parfaitement le danger :

  • L’affaire Kouchner et la photo détournée : Une photo montrant Bernard Kouchner, alors administrateur de l’ONU au Kosovo, en train de porter assistance à un blessé a été recadrée et utilisée des années plus tard sur les réseaux sociaux pour alimenter la fausse rumeur d’un trafic d’organes. L’objectif : Discréditer une personnalité politique de premier plan en détournant une image de son contexte originel. La photo était vraie, l’histoire était fausse.
  • Les « voitures de luxe de MSF » : Une photo montrant des voitures 4×4 haut de gamme a été largement partagée, accompagnée d’une légende affirmant qu’il s’agissait des véhicules des dirigeants de Médecins Sans Frontières (MSF), payés par les dons. En réalité, la photo n’avait aucun lien avec l’ONG. L’objectif : Saper la confiance du public envers une grande organisation humanitaire et décourager les dons.

Ces cas le démontrent : une simple image sortie de son contexte peut devenir une arme redoutable pour nuire à une réputation.

 

Le guide pratique : comment déjouer les fake news ?

Face à une information suspecte, il faut développer des réflexes critiques :

  1. Vérifier la source : Le site qui publie l’info est-il connu ? A-t-il une « page à propos », des mentions légales ? Méfiez-vous des URL qui ressemblent à des médias connus mais avec une légère différence.
  2. Croiser les informations : L’information est-elle reprise par d’autres médias fiables et indépendants ? Si une seule source en parle, la prudence est de mise.
  3. Analyser l’image : Faites une recherche d’image inversée (avec des outils comme Google Images ou TinEye) pour voir si la photo n’a pas déjà été utilisée dans un autre contexte.
  4. Se méfier de ses émotions : Si une information vous met très en colère ou vous semble trop incroyable pour être vraie, c’est précisément le moment de prendre du recul et de vérifier avant de partager.

 

Votre organisation est victime d’une fake news : que faire ?

 

Si votre entreprise, votre association ou votre collectivité devient la cible d’une fausse information, le silence n’est pas toujours la meilleure option. La gestion de cette situation est une discipline de la gestion de crise.

  • Étape 1 – Qualifier : Évaluez la portée de la rumeur. Est-elle confinée à quelques comptes ou devient-elle virale ? Des outils de veille des réseaux sociaux sont ici indispensables.
  • Étape 2 – Documenter : Faites des captures d’écran, archivez les liens. Ces preuves sont essentielles.
  • Étape 3 – Préparer la réponse : Rédigez un démenti factuel, sobre et précis. Ne soyez pas dans l’émotion. Apportez des preuves concrètes (la photo originale, le contexte réel, des chiffres certifiés…).
  • Étape 4 – Agir de manière proportionnée : La réponse peut aller d’un simple post de clarification sur vos propres réseaux sociaux à un communiqué de presse, voire à des actions en justice dans les cas les plus graves. Le choix de la stratégie dépend de l’ampleur de la crise.

 

La meilleure défense, c’est l’esprit critique

 

Dans un écosystème de l’information où, selon certaines études, plus de la moitié des contenus en ligne pourraient être faux ou trompeurs, l’esprit critique est notre meilleur bouclier.

Pour les organisations, la passivité n’est plus une option. Il est essentiel d’intégrer le risque de « fake news » dans sa stratégie de gestion des risques, de préparer des scénarios de réponse et de former ses équipes. Protéger sa réputation, c’est aussi savoir se défendre face à ceux qui instrumentalisent le mensonge.

CriseHelp vous accompagne dans la surveillance de votre e-réputation et dans la construction de stratégies de réponse pour faire face aux attaques informationnelles et protéger votre image.

Nous sommes à votre écoute pour préciser votre besoin.

Nos experts et consultants indépendants sont en mesure de vous accompagner de A à Z dans l’évaluation de vos risques pour anticiper les crises.