La différence fondamentale entre la « sécurité » et la « sûreté » réside dans l’intention : la sécurité vise à nous protéger des risques involontaires (accidents, pannes, erreurs), tandis que la sûreté nous défend contre les menaces intentionnelles (malveillance, vol, terrorisme). Bien que souvent confondus dans le langage courant, ces deux termes recouvrent des réalités, des métiers et des stratégies radicalement différents. Comprendre et appliquer cette distinction n’est pas un simple exercice de sémantique ; c’est le point de départ de toute démarche de gestion de crise et de résilience efficace. Une mauvaise compréhension de cette différence conduit inévitablement à des analyses erronées, des ressources mal allouées et des vulnérabilités critiques.

La sécurité : maîtriser les risques involontaires et accidentels

 

La sécurité (safety en anglais) est la discipline de la maîtrise des aléas. Son univers est celui des défaillances, des erreurs et des accidents. Sa philosophie repose sur la prévention, la conformité aux normes et l’amélioration continue des processus pour réduire la probabilité et l’impact d’un événement non intentionnel.

 

La philosophie de la sécurité : la prévention et la conformité

L’expert en sécurité raisonne en termes de fiabilité, de qualité et de respect des procédures. Il cherche à répondre à la question : « Comment empêcher que notre système ne défaille de lui-même ? ». Les outils de la sécurité sont les audits de conformité, les plans de maintenance, les formations aux bonnes pratiques et les équipements de protection.

 

Exemples concrets de sécurité en entreprise

  • Sécurité Incendie : La mise en place de détecteurs de fumée, d’extincteurs et la formation des équipes à l’évacuation visent à se prémunir contre un départ de feu accidentel (d’origine électrique, par exemple).
  • Sécurité Sanitaire (PMS) : Le respect de la chaîne du froid et des règles d’hygiène vise à prévenir une contamination involontaire des denrées alimentaires.
  • Sécurité Informatique (volet « Safety ») : Les sauvegardes régulières, les plans de reprise d’activité (PRA) et la redondance des serveurs visent à se protéger contre une panne matérielle ou une erreur logicielle accidentelle.
  • Sécurité au Travail (HSE) : Le port des équipements de protection individuelle (EPI) vise à protéger les salariés des accidents liés à leur activité.

 

 

La sûreté : anticiper la menace intentionnelle et la malveillance

La sûreté (security en anglais) est la discipline de la maîtrise des menaces. Son univers est celui de l’intentionnalité, de la malveillance et de l’antagonisme. Sa philosophie repose sur l’analyse de la menace, la détection, la dissuasion et la capacité de réponse face à un acte délibéré.

 

La philosophie de la sûreté : l’analyse de la menace et la dissuasion

L’expert en sûreté raisonne en termes d’adversaire, de mode opératoire et de vulnérabilité. Il cherche à répondre à la question : « Comment empêcher qu’un acteur malveillant ne nuise à notre système ? ». Les outils de la sûreté sont le contrôle d’accès, la vidéosurveillance, le renseignement, la protection des informations et les équipes d’intervention.

 

Exemples concrets de sûreté en entreprise

  • Sûreté des sites : Le contrôle des accès par badge, la présence d’agents de sécurité et les clôtures périmétriques visent à se prémunir contre une intrusion malveillante.
  • Sûreté des dirigeants : La protection des cadres lors de voyages à l’étranger vise à les protéger d’un enlèvement ou d’une agression intentionnelle.
  • Cybersécurité (volet « Security ») : Les pare-feux, les logiciels anti-malware et la formation contre le phishing visent à se défendre contre un pirate informatique qui cherche délibérément à voler des données ou à paralyser le système.
  • Sûreté Économique : Les procédures de protection du secret des affaires visent à se prémunir contre l’espionnage industriel.

Sécurité (Safety) vs Sûreté (Security) : le comparatif essentiel

Tableau de synthèse pour distinguer clairement la Sécurité (prévention des accidents et défaillances) de la Sûreté (protection contre les actes intentionnels).

Comparatif des critères : Sécurité (Safety) vs Sûreté (Security)
Critère Sécurité (Safety) Sûreté (Security)
Objectif Protéger contre les accidents et défaillances Protéger contre les actes de malveillance
Nature du risque Involontaire, aléatoire, probabiliste Intentionnel, ciblé, antagoniste
Source du risque Erreur, panne, environnement, aléa Adversaire humain (interne ou externe)
Méthode principale Prévention, conformité, fiabilité Dissuasion, détection, protection, réponse
Compétences clés Ingénierie, qualité, HSE, normes Renseignement, enquête, contrôle, intervention

Pourquoi cette distinction est-elle stratégique pour votre gestion de crise ?

 

Confondre sûreté et sécurité est une erreur managériale qui peut coûter très cher. Cette distinction est le fondement d’une analyse des risques pertinente et d’une allocation efficace des ressources.

  • Pour allouer les bonnes compétences : Vous ne demandez pas à votre responsable Hygiène, Sécurité, Environnement (HSE), expert en normes de sécurité, de mener une enquête sur un vol interne. De même, vous ne demandez pas à votre directeur de la sûreté, expert en menaces, de concevoir un plan de maintenance préventive. Ce sont des métiers différents.
  • Pour construire des scénarios de crise pertinents : Une crise déclenchée par une panne de serveur (sécurité) n’est pas la même qu’une crise déclenchée par une cyberattaque (sûreté). Les motivations, les modes opératoires et les réponses à apporter sont totalement différents.
  • Pour bâtir une culture du risque complète : Une culture de la sécurité (respect des procédures, attention à la qualité) et une culture de la sûreté (vigilance face à l’anormal, protection de l’information) sont deux facettes complémentaires de la résilience. L’une sans l’autre laisse un angle mort.

 

Les deux piliers indissociables de votre résilience

 

La sécurité et la sûreté sont les deux piliers sur lesquels repose la protection de votre organisation. La première protège votre entreprise d’elle-même (ses propres défaillances), la seconde la protège des autres (les menaces externes). Négliger l’un de ces piliers crée un déséquilibre fatal et une fausse impression de protection. Une résilience véritable ne peut être atteinte qu’en orchestrant de manière cohérente ces deux expertises.

Chez CriseHelp, notre modèle en réseau nous permet de mobiliser pour vous les experts les plus pointus dans chaque domaine. Que votre crise soit d’origine accidentelle ou malveillante, nous constituons l’équipe ad hoc qui saura vous accompagner avec la bonne méthode et les bonnes compétences, pour une résilience organisationnelle sans faille.

Nous sommes à votre écoute pour préciser votre besoin en gestion de crise.

Nos experts et consultants indépendants sont en mesure de vous accompagner de A à Z dans l’évaluation de vos risques pour anticiper les crises.

FAQs

Questions fréquentes sur la Sûreté et la Sécurité

Pourquoi cette distinction est-elle si importante en français et moins en anglais ?

C'est une excellente question. En anglais, le mot unique "Security" est utilisé pour couvrir les deux concepts (ex: "Health and Safety Executive" pour la sécurité au travail, mais "Department of Homeland Security" pour la sûreté nationale). Cela crée une ambiguïté que la langue française, avec ses deux termes distincts, permet d'éviter. C'est une richesse sémantique qui est un véritable outil de précision pour le management des risques.

Le Risk Manager s'occupe-t-il de la sécurité ou de la sûreté ?

Idéalement, des deux. Le Risk Manager moderne doit avoir une vision à 360° de l'ensemble des risques. Cependant, selon sa formation d'origine (ingénieur, juriste, ancien policier...), il aura souvent une dominante "sécurité" ou "sûreté". Le plus important est qu'il soit conscient de la distinction et qu'il sache s'entourer d'experts de l'autre domaine pour couvrir tous les angles.

La cybersécurité, est-ce de la sécurité ou de la sûreté ?

C'est le meilleur exemple de la complexité moderne : c'est les deux.

  • Sécurité : protection contre une panne de disque dur, un bug logiciel ou une erreur de manipulation d'un administrateur.
  • Sûreté : protection contre un hacker, un rançongiciel ou une tentative de phishing.

C'est pourquoi on parle de plus en plus de "cybersécurité" comme d'un champ qui intègre nativement ces deux dimensions.