Paris, France – Le 24 mai 2025 – Le spectre des risques énergétiques plane sur l’Europe avec une acuité dramatiquement actuelle. Alors que les systèmes énergétiques font face à des défaillances techniques complexes, comme la récente coupure d’électricité massive en Espagne, l’actualité de ce jour même en France vient souligner la menace grandissante et directe du sabotage : le département des Alpes-Maritimes est en effet actuellement confronté à une panne électrique majeure provoquée par des actes de malveillance délibérés sur ses infrastructures. Cet événement récent, s’ajoutant à d’autres incidents, place la sécurité énergétique et la gestion de crise au premier rang des préoccupations nationales et européennes. Cet article analyse ces menaces, explore les stratégies de gestion de crise et souligne l’impératif de renforcer notre résilience collective.

Un contexte énergétique sous haute tension : Menaces multiples

Les vulnérabilités de nos systèmes énergétiques sont multiples et les menaces de plus en plus palpables, comme l’illustrent de récents événements majeurs.

Le blackout espagnol d’avril 2025 : Une alerte systémique

Le blackout qui a paralysé une grande partie de l’Espagne le 28 avril 2025 a servi de piqûre de rappel brutale. Selon les premières analyses, notamment celles du gestionnaire de réseau français RTE et de son homologue espagnol Red Eléctrica (REE), l’incident aurait été déclenché par un déséquilibre interne au réseau espagnol, potentiellement exacerbé par une forte pénétration d’énergies renouvelables intermittentes et un manque d’inertie du système. Des courts-circuits dus à la végétation et un effet domino auraient ensuite contribué à l’ampleur de la panne. Bien que la piste d’une cyberattaque ait été rapidement écartée, cet événement souligne la complexité de la gestion des réseaux modernes et les défis inhérents à la transition énergétique si elle n’est pas rigoureusement accompagnée.

Sabotages en France : Une menace directe et actuelle

En France, la menace du sabotage prend un tour particulièrement concret et inquiétant avec les événements survenus aujourd’hui même, le 24 mai 2025, dans les Alpes-Maritimes. Des actes de sabotage délibérés, incluant selon les premières informations la chute d’un pylône et l’incendie d’un transformateur, ont provoqué une panne électrique d’envergure, perturbant jusqu’au déroulement du Festival de Cannes. Ce type d’attaque ciblée s’inscrit dans une tendance préoccupante, rappelant les sabotages coordonnés sur le réseau SNCF en juillet 2024 à la veille des Jeux Olympiques. Ces actes démontrent une intention claire de nuire et de déstabiliser en s’attaquant aux points névralgiques de la nation et à la continuité de la vie économique et sociale.

Face à cette double menace – défaillances systémiques et attaques délibérées, dont l’actualité nous offre un exemple frappant – la gestion de crise énergétique devient une priorité absolue pour les États, les entreprises et les citoyens. Il ne s’agit plus seulement de réagir aux pannes, mais d’anticiper, de prévenir et de se préparer à des scénarios complexes et potentiellement dévastateurs.

 

Face aux risques : Les impératifs d’une gestion de crise énergétique efficace

Une approche structurée et multidimensionnelle est indispensable pour faire face aux risques énergétiques croissants. Plusieurs piliers fondamentaux doivent guider l’action collective.

1. Anticipation et évaluation, stratégique des risques

Une cartographie précise et constamment actualisée des menaces est indispensable. Cela inclut l’analyse des vulnérabilités techniques des réseaux (interdépendances, vieillissement des infrastructures, défis de l’intégration des renouvelables), des risques climatiques croissants, des cybermenaces sophistiquées, mais aussi des risques de sabotage et d’attaques hybrides, dont la réalité se manifeste aujourd’hui. Les rapports prospectifs, comme ceux de RTE (« Bilan électrique » et « Perspectives pour le système électrique »), jouent un rôle clé dans cette anticipation éclairée.

2. Prévention active et sécurisation renforcée des infrastructures

Le renforcement de la sécurité physique et cybernétique des infrastructures critiques est primordial. Cela passe par des investissements continus dans la surveillance (drones, capteurs, intelligence artificielle), la protection des sites sensibles (contrôle d’accès, dispositifs anti-intrusion) et la redondance des systèmes vitaux. La collaboration étroite entre les services de renseignement, les forces de l’ordre et les opérateurs énergétiques est cruciale pour détecter les signaux faibles et déjouer les actes de malveillance.

3. Préparation opérationnelle et planification rigoureuse

Des plans de continuité d’activité (PCA) robustes et des plans de réponse aux crises (PRC) doivent être élaborés, régulièrement testés par des exercices de simulation, et mis à jour à tous les niveaux – étatique, territorial et entrepreneurial. Pour les entreprises, cela signifie identifier les processus critiques dépendant de l’énergie et prévoir des solutions alternatives (groupes électrogènes, contrats de délestage négociés, diversification des sources d’approvisionnement).

4. Réponse coordonnée et communication transparente en cas de crise

En cas de crise avérée, une réponse rapide, coordonnée et efficace est essentielle pour minimiser l’impact. Cela implique une chaîne de commandement claire et réactive, des protocoles d’intervention précis pour les équipes techniques et de secours, et une communication transparente, factuelle et régulière envers la population et les acteurs économiques. L’information sur les gestes à adopter en cas de coupure, comme le promeut le gouvernement français via des plateformes telles qu’info.gouv.fr, est un élément clé de cette réponse citoyenne.

5. Vers une résilience énergétique durable et adaptative

Au-delà de la gestion de crise immédiate, l’objectif stratégique est de bâtir des systèmes énergétiques intrinsèquement plus résilients. Cela passe par la diversification du mix énergétique (en privilégiant les sources bas-carbone et locales), le développement massif de solutions de stockage d’énergie, la promotion active de l’efficacité énergétique et de la sobriété choisie, et l’investissement dans des réseaux intelligents (smart grids) capables de mieux gérer les flux, d’isoler les incidents et de faciliter l’intégration des productions décentralisées.

Bâtir la résilience énergétique à tous les niveaux

La résilience face aux crises énergétiques ne peut être uniquement l’affaire des États ou des grands opérateurs. Elle doit s’ancrer au plus près des citoyens et des territoires.

La Résilience énergétique des communes : Agir au cœur des territoires

La résilience énergétique doit également se décliner au niveau local, au cœur des territoires. Les communes ont un rôle crucial à jouer dans la préparation et la réponse aux crises énergétiques. Cela passe par l’élaboration de Plans Communaux de Sauvegarde (PCS) intégrant spécifiquement le risque de rupture d’approvisionnement énergétique. Les mairies peuvent identifier les sites prioritaires à sécuriser (maisons de retraite, centres de santé, points d’eau potable), prévoir des lieux d’accueil chauffés et éclairés en cas de besoin, et établir des protocoles de communication clairs avec leurs administrés. Encourager les initiatives locales de production d’énergie renouvelable (comme les projets citoyens ou les petites installations sur bâtiments publics) et promouvoir l’efficacité énergétique dans le parc immobilier communal contribuent également à réduire la dépendance et à accroître la robustesse face aux aléas. La mise en place de réseaux d’entraide et la formation des agents municipaux aux gestes d’urgence sont d’autres leviers essentiels.

La Résilience individuelle : Chaque citoyen acteur de sa sécurité

Face à des coupures d’électricité ou d’autres perturbations énergétiques, chaque citoyen peut également renforcer sa propre résilience. Il s’agit d’abord de prendre conscience des risques et de ne pas céder à la panique. Préparer un kit d’urgence de base est une mesure simple et efficace : lampes de poche avec piles de rechange, bougies, briquets ou allumettes, radio à piles ou à dynamo pour suivre les consignes des autorités, trousse de premiers secours, et des réserves d’eau potable et de nourriture non périssable pour quelques jours. Disposer d’une batterie externe chargée pour son téléphone portable peut s’avérer crucial. Au-delà du matériel, adopter des comportements préventifs comme débrancher les appareils électriques sensibles en cas d’alerte de coupure, limiter ses déplacements et maintenir une bonne communication avec ses voisins, notamment les plus vulnérables, sont des réflexes importants. La sobriété énergétique au quotidien contribue par ailleurs à alléger la pression sur le réseau et constitue en soi une forme de résilience.

L’Urgence d’une mobilisation collective pour la sécurité énergétique

Les événements récents en Espagne et, de manière particulièrement aigüe aujourd’hui en France, ne sont pas des incidents isolés, mais les symptômes d’un nouvel âge de vulnérabilité énergétique. La transition vers des sources d’énergie plus propres est indispensable, mais elle doit s’accompagner d’une réflexion profonde sur la sécurité et la stabilité de nos approvisionnements. De même, la protection contre les actes de malveillance, qu’ils soient crapuleux, idéologiques ou de nature étatique, exige une vigilance et des moyens accrus.

L’heure est à la mobilisation de toutes les parties prenantes – pouvoirs publics, opérateurs énergétiques, entreprises, communes et citoyens – pour construire une culture de la sécurité énergétique. Cela implique des investissements stratégiques, une coopération renforcée au niveau national et européen, et une prise de conscience collective des enjeux. Seule une approche proactive et globale nous permettra de naviguer avec succès dans ce paysage énergétique semé d’embûches et de garantir un avenir énergétique sûr et durable.

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