Un Centre d’Accueil des Impliqués (CAI ou CADI) est un lieu temporaire et sécurisé, activé par les autorités (préfet, maire) à proximité d’une crise majeure, dont la mission est de prendre en charge les personnes non blessées physiquement mais en état de choc psychologique. Prévu par le dispositif ORSEC, son objectif principal est de fournir un premier soutien psycho-social et d’éviter que ces « victimes invisibles » ne soient livrées à elles-mêmes, tout en facilitant le travail des services de secours. Loin d’être un simple lieu d’attente, c’est une « bulle de décompression » essentielle à la bonne gestion humaine d’une crise. Cet article vous explique en détail son fonctionnement.

Le concept clé : « l’impliqué », la victime invisible de la crise

 

Pour comprendre l’utilité du CAI, il faut d’abord définir qui l’on y accueille. La doctrine de la sécurité civile distingue :

  • Les victimes : Personnes blessées ou décédées, qui sont prises en charge par la chaîne de secours médicalisée (pompiers, SAMU).
  • Les impliqués : Toute personne affectée par l’événement mais physiquement indemne. Il peut s’agir de témoins, de rescapés, de proches présents sur les lieux, d’habitants évacués…

Ces personnes, bien qu’indemnes, sont en état de choc, désorientées, et peuvent développer un traumatisme psychique si elles ne sont pas prises en charge. Le CAI est la structure dédiée à leur accueil.

Le parcours d’un « impliqué » au sein du CAI : les 4 étapes clés

Le bon fonctionnement d’un CAI repose sur un parcours structuré en quatre piliers fondamentaux, qui visent à faire passer la personne du chaos à un état de sécurité relative.

 

1. L’accueil : sortir du chaos, entrer dans un lieu sûr

Dès leur arrivée, les impliqués sont accueillis dans un espace calme et sécurisé (souvent une salle des fêtes, un gymnase…). Ils y trouvent de quoi boire, manger, et simplement s’asseoir. La première mission des intervenants (souvent des bénévoles d’associations) est de créer un climat de bienveillance et de rompre l’isolement immédiat.

 

2. Le recensement : être identifié pour être protégé

Chaque personne entrant dans le CAI est identifiée par les forces de l’ordre ou les services municipaux. Ce recensement est essentiel pour :

  • S’assurer que personne ne manque à l’appel (et éviter de lancer des recherches pour quelqu’un qui est en fait en sécurité).
  • Permettre aux autorités de répondre aux familles qui cherchent leurs proches.
  • Assurer un suivi médico-psychologique ultérieur si nécessaire.

 

3. Le soutien : le premier réconfort psychologique

C’est le cœur de la mission du CAI. Des professionnels de la Cellule d’Urgence Médico-Psychologique (CUMP), épaulés par des secouristes formés au soutien psycho-social, sont présents pour :

  • Écouter la parole des impliqués, sans jugement.
  • Repérer les personnes en état de stress aigu ou de choc.
  • Fournir un « premier secours psychologique », c’est-à-dire des techniques simples pour aider la personne à reprendre pied et à diminuer son anxiété.

 

4. L’orientation : préparer l’après-immédiat

Le CAI est un lieu de transition. Une fois identifiée et soutenue, chaque personne est orientée en fonction de ses besoins :

  • Retour à domicile si son état le permet.
  • Prise en charge médicale si un problème de santé est décelé.
  • Hébergement d’urgence si son logement est inaccessible.
  • Information sur les dispositifs d’aide aux victimes pour un suivi à plus long terme.
Centre d'accueil des impliqués

Dans les coulisses du CAI : une mécanique d’urgence multi-acteurs

 

La mise en place d’un CAI est un travail d’équipe, coordonné par le préfet dans le cadre du plan ORSEC. Elle mobilise :

  • Le maire de la commune, qui est souvent chargé de trouver et d’équiper un local adapté (salle municipale…) et de mobiliser ses agents.
  • Les sapeurs-pompiers (SDIS), qui pilotent les opérations de secours sur le terrain et orientent les flux de personnes vers le CAI.
  • Les forces de sécurité (Police/Gendarmerie), qui sécurisent le périmètre et participent au recensement.

Pourquoi la préparation d’un CAI est un enjeu stratégique ?

 

Anticiper l’ouverture potentielle d’un CAI dans son Plan Communal de Sauvegarde (PCS) est crucial. Une structure bien préparée permet de :

  • Canaliser immédiatement les personnes et éviter qu’elles n’errent sur le site ou n’interfèrent avec les secours.
  • Prévenir les traumatismes psychiques graves en offrant un soutien immédiat.
  • Centraliser l’information et ainsi mieux lutter contre les rumeurs.
  • Soulager les hôpitaux qui ne sont pas submergés par des personnes non blessées mais angoissées.

Conclusion : ne jamais oublier les « victimes invisibles »

 

Le Centre d’Accueil des Impliqués est le symbole d’une gestion de crise qui place l’humain au centre. Il témoigne de la prise en compte de ces « victimes invisibles » que sont les personnes choquées mais non blessées physiquement. En structurant leur prise en charge, on accélère leur reconstruction psychologique et on garantit une gestion globale de l’événement plus ordonnée et plus efficace.

Chez CriseHelp, nous aidons les collectivités et les entreprises à intégrer cette dimension humaine dans leur planification de crise, en s’assurant que personne ne soit laissé pour compte le jour où le pire survient.

D’autres articles :

Découvrez les CUMP, acteur indispensable

Dispositif de crise

Nous sommes à votre écoute pour préciser votre besoin en gestion de crise.

Nos experts et consultants indépendants sont en mesure de vous accompagner de A à Z dans l’évaluation de vos risques pour anticiper les crises.

FAQs

Voici les réponses aux questions fréquentes sur le Centre d’Accueil des Impliqués (CAI / CADI).

Qu’est-ce qu’un Centre d’Accueil des Impliqués (CAI ou CADI) ?

Un CAI est une structure temporaire mise en place lors d’une crise (accident, attentat, catastrophe) pour accueillir les personnes présentes sur les lieux mais non blessées. Il leur offre un espace sécurisé pour recevoir soutien psychologique, informations officielles et orientation vers des services adaptés.

Quelle est la différence entre un CAI et un Centre d’Accueil des Familles (CAF) ?

Le CAI est destiné aux personnes directement impliquées mais non blessées dans une situation d'urgence. Le CAF, lui, s’adresse aux proches des victimes (blessés, disparus ou décédés) afin de leur fournir des informations, un soutien et un accompagnement.

Qui décide de la mise en place d’un CAI ?

La décision est généralement prise par le préfet, le maire ou le Commandant des Opérations de Secours (COS), en coordination avec les services de secours et les forces de l’ordre.

Qui intervient dans un CAI ?

Plusieurs acteurs : les pompiers (SDIS), les forces de l’ordre, les équipes médico-psychologiques (CUMP), les collectivités territoriales, ainsi que des associations agréées de sécurité civile comme la Croix-Rouge.

Où est installé un CAI ?

Le CAI est installé près du lieu de l’événement, mais en dehors de la zone de danger immédiat. Il peut se situer dans un gymnase, une salle communale, une école ou tout autre local public accessible rapidement.

Combien de temps un CAI reste-t-il en place ?

Il est activé pour la durée de la phase d’urgence, soit quelques heures à quelques jours. Une fois les impliqués pris en charge ou redirigés, le CAI est levé.

Peut-on s’y rendre spontanément si on a été témoin d’un événement choquant ?

Oui, si vous étiez présent sur les lieux de l’incident ou si vous êtes affecté psychologiquement, vous pouvez être accueilli dans un CAI. Il est conseillé de suivre les indications des autorités locales pour savoir où il se trouve.

Est-ce qu’un CAI prend en charge les blessés ?

Non. Les blessés physiques sont orientés vers des structures médicales. Le CAI est réservé aux impliqués non blessés mais potentiellement choqués ou désorientés.